Qu’est-ce qu’une enchère propositionnelle ?
En préambule, comme toujours, rappelez-vous la marque : 2♠ annoncés et juste faits rapportent 60 points. Et 1♠ annoncé où vous avez réussi un de mieux (+1) rapportent également 60 points. Alors, quel est l’intérêt d’annoncer 2♠ plutôt qu’1♠ : du point de vue de la marque, aucun ! Mais on a atteint 2♠ tout de même, parce qu’il est difficile de trouver un fit plus bas que le niveau de 2. Mais bien sûr, si l’on avait pu jouer plus bas, tant mieux !
Lorsqu’on pousse un peu les enchères, c’est qu’il existe un espoir de manche : en effet, la prime de manche est tellement attractive qu’il ne faut pas passer à côté. Tout le problème est de ne pas « empailler » cette manche… et il faut bien quelques échanges entre partenaires pour déterminer si l’on peut ou non la tenter.
On voit déjà que deux grands principes se dégagent (tellement oubliés en club !) :
1°) On cherche la manche (ou le chelem) si les enchères entendues jusque-là (ex. : 1♠ – 2♠ – ?) permettent de conserver un espoir de l’atteindre (ici, les 27 points fatidiques pour jouer 4♠, rappelez-vous la table de décision).
2°) Si la manche est sans espoir (on le sait assez vite avec de bonnes enchères), il n’est pas question de continuer. Puisque cela ne rapporte rien à la marque, on n’essaie jamais d’améliorer un score partiel (adage à retenir absolument).
Il existe donc des enchères qui ne servent à rien ! Exemple de dialogue entre partenaires :
– Ouverture : 1♠ : « Partenaire, je possède au minimum 12 points et 5 cartes à ♠ au moins ».
– Réponse : 2♠ : « Cher ouvreur, j’ai le fit ♠ (j’ai au moins 3 cartes à ♠, je connais donc au moins 8 cartes dans notre ligne), et je fais une réponse minimum, je suis donc faible (j’ai entre 6 et 10 points) ».
L’ouvreur additionne ses points : il connaît le total de la ligne à 4 points près (6 à 10 chez son partenaire). Il faut 27 points dans la ligne pour faire la manche (voir la table de décision). S’il a moins de 17 points, il est impossible qu’il y ait une manche. Il faut donc impérativement passer. Dire 3♠ ne servirait à rien, même avec 16 points ! 3♠ est une enchère inutile…
Au contraire, si l’ouvreur possède 21 points ou plus, il doit impérativement annoncer la manche à 4♠, puisqu’il connaît de façon certaine 27 points au moins dans la ligne, ainsi que le fit.
Mais vous voyez qu’il existe une zone d’incertitude : Si l’ouvreur est entre 17 et 20 points, la manche peut exister ou non, en fonction de la force exacte du répondant (6, 7, 8, 9 ou 10 points ?). Opportunément, l’enchère inutile de 3♠ va maintenant pouvoir servir. Elle signifie exactement : « Partenaire, j’ai exactement 17 à 20 points, la manche est possible, je te la propose. Mais, es-tu minimum (6 à 8 points) ou maximum (9 ou 10 points) ? ». L’attitude du répondant est maintenant évidente : avec 6 à 8 points, il n’y a (probablement, cf. remarques infra) pas 27 points, il passe (et on joue 3♠) ; avec 9 ou 10 points, il dit 4♠ (les 27 points sont atteints).
Remarques : 1°) évidemment, 3♠ est plus dangereux à jouer que 2♠ (risque plus important de chute). Mais justement, si l’ouvreur a fait cette enchère, c’est qu’il est solide (17 à 20 points). On dit que « le contrat de 3♠ ne devrait pas être en danger ».
2°) Il n’est pas question d’apprendre les chiffres donnés plus haut par cœur (moi-même, je refuse de les connaître) ! Les seuls chiffres connus par principe sont le nombre de points de l’ouvreur, et les points de la table de décision. Les autres se déduisent par le simple raisonnement. C’est ce que je viens de faire pour vous l’écrire ! Lorsque vous aurez fait le raisonnement une dizaine de fois, il deviendra automatique…
3°) En regardant bien, lorsque le répondant a 8 points (haut de la réponse faible) et le déclarant 20 points (haut de la proposition), on atteint 28, donc la manche. Mais cette précision à 1 point près est rarement possible en enchères. On se contente donc de probabilités et on ne tire pas trop sur la ficelle…
Vous connaissez maintenant 2 principes fondamentaux des enchères :
On n’essaie pas d’améliorer un contrat partiel, dégageant ainsi des enchères « inutiles ».
Les enchères inutiles deviennent alors des enchères dites « propositionnelles » : « Partenaire, êtes-vous en haut ou en bas de votre enchère précédente ? ». Celles-ci entraînent toujours deux réponses possibles : « Je suis en bas de la fourchette, je dis non (ici : je passe) » ou bien « je suis en haut, je dis oui (ici, 4♠) ».
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